Paul de Flers
Affresco Du 19 mai au 26 juin 2021

Paul de Flers (1988) a installé son atelier successivement en Toscane, dans le Piémont, puis à Lisbonne, avant de partir à Bruxelles où il réside depuis quelques mois. Sans doute ces différentes étapes et voyages ont inspiré les nombreuses toiles de paysage du peintre.
Elles semblent des catalogues botaniques dont les pages seraient harmonieusement associées pour former un seul jardin abondant et utopique, qui évoque beaucoup de lieux mais n’en figure réellement aucun.
L’artiste, au fur et à mesure de ses collaborations avec des galeries (à Sienne, Turin, Lisbonne, Paris) et des espaces publics (musée Santa Maria della Scala, Centro per l’Arte Contemporanea Luigi Pecci, Alliance française de Fortaleza et Institut français de Milan)
a développé petit à petit les thèmes qui reviennent régulièrement dans ses peintures : des chiens qui se comportent comme des humains, des humains qui sont figés comme des statues, des architectures qui semblent des paquebots. Ces éléments viennent se poser entre les formes bigarrées des arbres et les lignes d’horizon vaporeuses. Pour l’exposition à la galerie Regala à Arles, Paul continue la recherche qu’il mène sur l’utilisation des pigments initiée il y a quelques années. Étant autodidacte, il utilise la peinture avec beaucoup de liberté, variant la quantité d’huile et de térébenthine, improvisant les mélanges. Il s’est inspiré des fresques arlésiennes dans leurs compositions et leurs couleurs comme contrainte technique et référence iconographique pour ses nouvelles toiles.
« Le fil conducteur est la fresque, telle qu’on la retrouve de nos jours encore dans le sol d’Arles. Ce qui me touche dans l’idée de la fresque excavée, c’est le côtoiement entre des pigments qui ont conservé leur aspect très brillant et d’autres dont l’intensité a été éteinte par le temps. Par exemple, la coexistence entre le rouge pompéien et les teintes plus terreuses. La valeur du pigment intense est alors rehaussée, en contraste, par la présence à ses côtés des teintes abîmées. Par ailleurs, dans cette exposition, j’ai voulu imaginer des portraits retravaillés dans une gamme chromatique plus réduite, de façon à ce que l’on ait le sentiment qu’un voile les recouvre. »
Extrait de l’entretien mené par François Giannesini
dans Cahier Regala #2

Regarder l’ensemble des tableaux de Paul « exige un penchant pour la répétition (…)une exaltation de ce que l'on ne voit pas, cette même exaltation qui nous pousse dansles tableaux de Paul à célébrer la disparition, prérequis ultime de l'élégance formelle: « l'élégance cesse si on la remarque », elle
s'aplatit quand elle devient manifeste. L'opacité de ces scènes n'est pas simplement une donnée extérieure: les contours des formes peintes
qui se meurent dans des lignes floues, les marais compacts comme des exhalaisons de soufre, les statues friables comme des amas pyroclastiques et les architectures liées au ciel plus qu'à la terre; elle réside plutôt dans les mots
répétés et dans leur évocation narrative, plus loin que le paysage, au-delà du visible. »
Vincenzo Estremo





