Pascal Monteil
Mon Dieu ! Mon dieu, dans quel monde m'a tu jeté ! Du 15 avril au 6 juin 2022

© Celia Pernot
« Pascal Monteil est né pour la dernière fois à Nîmes en 1968. Il a été auparavant tisserand à Tabriz, céramiste à Kyoto, peintre d'icônes à Istanbul ou batelier à Calcutta. Jérusalem et Vienne vivent encore en lui. » (extrait de la biographie de l’artiste écrite par Rayas Richa dans le Cahier Regala #0).
Pour l’artiste rompu à l’exercice des ateliers d’écriture (en tant qu’enseignant à l’école des Beaux-Arts Municipaux de Paris), la broderie est devenue un champ naturel d’expression où histoires et mythologie régionales prennent vie en lien avec les papes, la nature et des couleurs solaires.
Aujourd’hui, Pascal Monteil ne s’exprime que sur des toiles de chanvre du xixe siècle : il y tisse des fils anciens qui se muent en « gouache, aquarelle, glacis, huile épaisse, charbon de bois », selon Christian Lacroix. On voit apparaître une tapisserie
« pénélo- péenne », un kaleïdoscope d'images à la poésie intense où se détachent des processions, des exils, des poètes habités, des barques pour prophètes et des papes défaillants sous le poids des fleurs. L’art de Pascal Monteil convoque le génie de Van Gogh, Morandi ou Giotto et appartient déjà à l’histoire créative de la ville. On chemine dans cet univers tremblant comme dans les ruines de souvenirs très anciens ; on s’y sent émerveillé et à l’abri.
De son ami Pascal Monteil, Christian Lacroix dit « j’ai été ébahi il y a quelques saisons en découvrant (...) sa tapisserie, un artisanat énergique et musclé, presque martial, qui n’a rien de l’ouvrage de dames. Une tapisserie qui s’affirme bel et bien peinture. Où la toile est un drap de chanvre, un drap de nonne, où les pinceaux sont acérés et perçants puisque ce sont des aiguilles, où la couleur à même le tube, en coulures de laine brutes est le fil » (extrait du Cahier Regala #).
Après le succès de la rétrospective Je ne reconnais plus le soleil au château de Tarascon en 2017, Pascal Monteil a décidé d’installer son atelier à Arles. Il sera chez lui, à la Galerie Regala, durant tout l’été.
C’est un groupe d’exilés du Moyen-Orient. Ce pourrait être n’importe quels exilés sur les routes de l’Histoire.
C’est en regardant le tableau El Pelele de Goya que j’ai brodé le premier pantin L’artiste. Un ami qui passait chez moi m’a suggéré de créer ses compagnons de voyage. J’en ai imaginé treize. Les marionnettes de Paul Klee, des figures de Fellini
ou du Bauhaus ou encore le Gilles de Watteau sont venus leur rendre visite. Sur leurs visages et leurs corps sont brodés les stigmates de leur histoire. Ces hommes-tapis
sont des figures romanesques, des compagnons de l’exil et de
la création.
Chacun incarne les vertus – et les vices qui traînent sur les routes – de l’existence. Ce sont des marionnettes dont le souffle de vie tient aux turpitudes d’autrui. Ils évoquent les nuances de l’espèce humaine. Certains parlent avec l’invisible, d’autres s’enferrent dans la matérialité, personnages sexués ou sexe honni, figure malfaisante ou dignité silencieuse...
Pour créer ces pantins je suis avec eux sur les routes, dans les granges, sur les ponts des bateaux, dans les compartiments de train. Avec eux, je fais la sieste dans les champs d’oliviers. Je cherche de la nourriture dans les villes. Je me décourage sur les quais d’un port de la Méditerranée.
Pascal Monteil
