Une petite robe de fete
Commissariat d'exposition par Céline Pujol
Du 17 septembre au 3 octobre 2021

A une heure où un monde est privé de fête, de la fantaisie exubérante et palpitante,
La nuit.
Un état où l’on bascule, où l’on se transforme, on se révèle.
Nuit fascinante, riche, complexe.
Trouver refuge, loin de l’espace de restriction, en dehors des rythmes imposés.
Dans le noir pudique qui autorise toutes les voluptés, un épais rideau de velours se lève et permet la discrétion de s’affranchir, au loin des regards distraitement indiscrets.
La nuit invite à un nouveau pas, de danse ou de course, vers soi, vers son être profond, souvent enfoui d’une civilité mécanique, nécessaire à se montrer sous son meilleur jour.
La quête de soi, de son identité, est l’exploration d’une vie. Tenter de lire en soi, et de répondre aux multiples questionnements, et la principale question : Qui suis-je ?
S’accueillir et renaître tel que l’on se ressent être.
De façon naturelle, ou décidée, un corps opère en transformation, et impose un changement inévitable. C’est le Jour et la Nuit.
Ce corps en mouvement, en quête de sens et de vérité, évolue vers une mutation indispensable, à une évolution plus globale. Nous devenons véhicules, porteurs d’histoires, porteurs d’espoir.
Nuit : Espace de temps qui s’écoule depuis le coucher jusqu’au lever du soleil.
Un très ancien principe du droit romain veut que les témoignages ne soient plus recueillis après le coucher du soleil.
Nuit discrète, nuit enflammée. Permission de Minuit. Oiseaux de nuit se vêtissent, se costument et se parent, de mille feux, et d’apparat pour devenir phare, illuminant les flots bleutés, d’une vague qui emporte l’âme timide et réservée.
La nuit invite à l’exploit, au rêve, à la trêve, à la transcendance repoussant les limites, des heures et des représentations.
Alors on s’avance. Attraction irraisonnée, fatalement déraisonnable, une invitation à poser masque et frasques, assumer une libération avérée. Déambuler, s’aventurer dans le profond de l’obscurité, comme aspiré à une errance assouvie, résolument assumée. Dévaler les marches et s’enfoncer dans l’obscur objet de nos désirs, des profondeurs où créatures abyssales resurgissent, oubliées à la lumière du jour retrouvée. Un monde souterrain, parallèle, étrange et irréel.
J’ai besoin de la nuit. Elle me guide dans la spirale immersive qui me fait basculer à l’étranger de mes pensées répétitives et entêtantes. L’accueil d’un autre moi, qui sait danser, qui sait être grandiose et drôle. Festive, dit-on.
Fais-moi tournoyer, je suis bouleversée, perdre mes repères qui m’enferment à une vie tellement rangée, étriquée. Je suis, je rêve. Je rêve que je suis.
Laisse-moi grandir à cette aventure, cette exploration intense et inaliénable. Ouvre-moi la porte, fais glisser ce rideau, relève-le en entrons de l’autre côté, que la fête commence !
Céline Pujol
Commissaire d’exposition
At a time when a world is deprived of parties, of spectacular and exciting imaginative moments, Night.
A state where you turn into something else, where you are transformed, you reveal yourself.
Fertile, rich, fascinating night.
Finding refuge, far away from a limited space, without an imposed schedule.
In chaste darkness making all sensual moments possible, a thick velvet curtain rises and gives way to quiet freedom, away from distractedly prying eyes.
Night encourages you to take a new step, dance step or running step, toward oneself, toward the inner self, often burried under a shallow sense of civility, essential to present oneself in the best light.
The quest for the self, for his or her identity, means a constant exploring throughout his or her life. Trying to get an insight into ourselves, and to answer so many questions, including the main question: who am I?
Welcoming oneself and taking on a new lease of life as we deeply feel it. In a natural or deliberate way, a body is transformed, and it changes inevitably.
This is Day and Night.
This moving body, in search for meaning and truth, moves towards an essential change, towards a more global development. We become a vehicle for stories and hope.
Night: space of time going from sunset to sunrise.
A very ancient rule of Roman law has it that you cannot give evidence after sunset.
Quiet night, passionate night. Allowed to stay up till midnight. Night birds get dressed, wear a costume and drape themselves in shining ceremonial dresses. They become a lighthouse in floodlit blue waters, a wave sweeping over the shy modest soul.
Night leads to spectacular feats, dreams, moments of respite, transcending and pushing back limits, hours and representations.
So we move on. Irrational attraction, inevitably unreasonable, encouraging you to lay down masks and pranks, accepting true liberation. Walking around, experiencing total darkness as if you were drawn into fulfilled wandering. Running downstairs into obscure objects of desire, deep into the renewed presence of abyssal creatures – creatures that will be forgotten in daylight. A strange unreal underworld, a parallel universe.
I need nighttime moments. This is like a reference point into the spiral pushing back my heady repetitive thinking. Welcoming another self, who knows how to dance, who knows how to be funny, how to be a great person. A festive person, they say.
Spin me, I am shattered, losing my bearings of a meager orderly life. I am. I dream. I dream that I am.
Let me grow with this adventure, this unalterable and emotionally charged exploring. Open the door for me, roll up the blind and let’s make our way to the other side, let the fun begin!
Céline Pujol
Curator